Notre association est née du sentiment partagé d’un isolement de plus en plus grand dans notre pratique quotidienne, lié à celui d’une dépossession croissante du sens et des perspectives de notre travail par un système de production et de diffusion de plus en plus complexe, lointain et difficile à appréhender.

Nous voulons nous donner les moyens d’un vrai dialogue avec les producteurs, diffuseurs et institutions que nous vivons trop souvent comme une nébuleuse abstraite alors qu’ils déterminent les processus de réalisation de nos films et leur existence même.

Le documentaire que nous avons choisi de faire est une cinématographie au risque du réel.

Ce que nous appelons peut-être un peu vite le réel c’est «l’autre». L’autre, nous le filmons de près ou de loin, directement, ou à travers son travail ou encore sa trace historique.

En tant que cinéastes nous pratiquons le réel comme le lieu de notre rencontre avec cet autre que nous filmons, un ou multiple : une rencontre de sujet à sujet.

Car nous ne faisons pas des films « sur », mais avec ou même contre, en relation. Et c’est pour cette raison que nos films s’adressent à des spectateurs sujets.`

Alors que l’on ne nous demande pas d’intérioriser la notion de produit ou d’audience quand c’est le désir seul qui meut notre travail, nous lance dans l’aventure de la création et le danger de la rencontre de l’autre, quand c’est tout cela que nous offrons aux spectateurs de nos films.

Ce réel que nous filmons nous l’interrogeons et l’écoutons en artistes impurs, les mains dans toutes les rugosités, violences et passions de ce monde, mais aussi de l’argent.

C’est de la confrontation de nos désirs et de ce réel-là que naissent nos films.

Oui la télévision et le cinéma sont des industries, des industries du rêve.

Oui nous sommes des rêveurs à l’œuvre et notre seul fil est celui du funambule : le plus droit est le plus périlleux qui soit.

ADDOC (ASSOCIATION DES DOCUMENTARISTES) – Association loi 1901

Président : Patrice Chagnard / Vice-présidents : François Manceaux, Denis Gheerbrant

Ce texte a été présenté en 1993, à l’occasion du Cinéma du Réel.