Communiqué du 13 décembre 2020

60 000 manifestant·e·s contre les textes liberticides en France, des interpellations arbitraires à Paris

Une soixantaine de mobilisations contre la proposition de loi « Sécurité globale » rythment encore cette fin de semaine dans tout l’Hexagone. Au moins 60 000 personnes ont marché ce samedi 12 décembre. Plus de 150 villes, des métropoles jusqu’aux localités plus modestes, ont déjà connu au moins un rassemblement depuis le 28 novembre, grâce au tissu associatif, syndical et politique sur lequel repose encore la vitalité démocratique de ce pays. Nous nous en félicitons.

Toutefois, comme nous le redoutions, la manifestation parisienne, bien que dûment déclarée par un collectif d’organisations et autorisée par la préfecture de police, s’est transformée en souricière.

Nombre d’observateurs ont constaté ce samedi 12 décembre dans la capitale des dérives inadmissibles liées à un déploiement policier et militaire brutalisant et attentatoire au droit de manifester : interpellations en masse, charges infondées faisant éclater le cortège, retenues sans motif légitime au-delà du délai légal, gardes à vue notifiées à la chaîne sur la base d’infractions pénales dévoyées, refus de contacter l’avocat désigné par les gardés à vue… Une fois encore, journalistes comme manifestant·e·s ont été pris pour cibles. Le pouvoir exécutif a donné à voir sa détermination à mater toute contestation.

A Lyon et à Caen, des pratiques semblables ont été relevées.

Ne nous y trompons pas : le total des interpellations mis à jour en direct sur le compte Twitter du ministre de l’Intérieur dissimule trop souvent des procédures arbitraires. Les témoignages affluent et concordent en ce sens. Le récit gouvernemental repose sur des chiffres artificiellement gonflés. Cette manipulation a déjà été employée le 1er mai 2018 ou pendant le mouvement des Gilets jaunes.

Le pouvoir cherche à nous décourager, mais il n’y parviendra pas !

Nos organisations constatent que l’offensive contre nos libertés fondamentales se poursuit. Les trois décrets du 2 décembre 2020 élargissant les possibilités de fichage des militants et de leur entourage jusqu’aux enfants mineurs ainsi que de leur santé ou de leurs activités sur les réseaux sociaux seront contestés en justice. La loi dite « Séparatisme » représente un autre coin enfoncé contre les libertés.

C’est du jamais vu en France. Nous glissons lentement mais sûrement vers un régime autoritaire, un État illibéral, un État de police. Moins les politiques de ce gouvernement apparaissent comme légitimes, plus celui-ci utilise la répression et l’étouffement des libertés pour les imposer.

Paris, le 13 décembre 2020.

Premières organisations signataires : Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) – Association des cinéastes documentaristes (Addoc) – Attac – Black Robe Brigade – Collectif Kelaouiñ – Club de la presse Occitanie – Confédération générale du travail (CGT) – La Quadrature du Net (LQDN) – Ligue des droits de l’Homme (LDH) – Politis – Profession : pigiste – Reporters en colère (REC) – Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) – Société des personnels de l’Humanité – Société des réalisateurs de Films (SRF) – Syndicat de la magistrature – Syndicat national des journalistes (SNJ) – Syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT) – Union syndicale Solidaires

Communiqué de la coordination

Appel à mobilisations contre la proposition de loi Sécurité globale ce samedi 12 décembre en régions

Depuis près de 5 semaines, les rassemblements et mobilisations contre la proposition de loi Sécurité globale ont fait descendre des centaines de milliers de personnes dans plus de 100 villes en France pour dénoncer une dérive sécuritaire très inquiétante : rassemblement du 17 novembre devant l’Assemblée nationale à Paris, rassemblements du 21 novembre, Marches des Libertés du 28 novembre et Marches des Libertés et des Justices du 5 décembre à Paris et partout en France.

Le gouvernement mène une entreprise de démolition des libertés publiques fondamentales en France, à travers la proposition de loi Sécurité globale et ses articles 21, 22 et 24, votés le 24 novembre dernier par 388 député.e.s, ainsi que le nouveau Schéma national de maintien de l’ordre. La coordination #StopLoiSécuritéGlobale en exige le retrait. Elle n’est pas dupe et observe que l’article 24 risque d’être réintroduit avec l’article 25 du projet de loi dite « Séparatisme ». Elle dénonce depuis le 8 novembre les nombreuses atteintes à la liberté de la presse, à la liberté d’informer et d’être informé, à la liberté d’expression, et l’instauration d’une surveillance de masse. Elle s’oppose à une dérive autoritaire de l’État qui s’accélère, avec des décrets liberticides décidés à la hâte. La population doit réagir pour que l’État de droit et la démocratie soient préservés.

Après la manifestation parisienne du 5 décembre, et du fait de la stratégie de la terre brûlée mise en place par la préfecture de police, la coordination #StopLoiSecuriteGlobale considère que les conditions de sécurité des manifestants et manifestantes ne sont pas assurées et n’organisera pas de mobilisation ce samedi 12 décembre à Paris.

La coordination #StopLoiSecuriteGlobale appelle les coordinations locales à poursuivre la mobilisation contre cette loi en organisant des rassemblements sur tout le territoire national.

La coordination exige d’être reçue dans les plus brefs délais par le président de la République Emmanuel Macron, sans attendre l’hypothétique «Beauvau de la Sécurité», qui ressemble à une opération de communication décidée et annoncée dans l’urgence conjointement par le Président de la République et… les syndicats de police.

Paris, le 9 décembre 2020.